Source : UdeMNouvelles, le 10 mai 2022, par Béatrice St-Cyr-Leroux
Le physiologiste de l’exercice et professeur associé de l’UdeM Guy Thibault développe une application Web pour l’entraînement par intervalles.
L’entraînement par intervalles (EPI) est LA meilleure façon d’accroître sa capacité cardiorespiratoire et sa performance sportive en général. Il ravit autant l’athlète se préparant pour les Jeux olympiques que le sportif amateur ou le patient désireux d’améliorer sa condition physique ou sa santé.
Il existe bien des outils pour aider les kinésiologues, les entraîneurs et les sportifs à élaborer des séances d’EPI. Mais aucun ne semble conçu pour jongler adéquatement avec les différentes composantes de l’EPI – la nature de l’activité, le nombre, la durée et l’intensité des fractions d’effort et de récupération ainsi que le nombre de séries divisant ces fractions.
C’est ce qui a toujours tarabusté Guy Thibault, physiologiste de l’exercice et professeur associé à l’École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique (EKSAP) de l’Université de Montréal.
Nouvellement retraité de son poste de directeur scientifique de l’Institut national du sport (INS) du Québec, le scientifique se consacre entièrement à l’élaboration d’une application Web pour l’EPI, sa grande spécialité.
«C’est l’aboutissement de 35 ans de carrière, c’est le défi d’une vie», confie-t-il, enthousiaste.
Un peloton aux talents variés
D’abord, il faut savoir que les applications d’EPI fonctionnent grâce à des modèles mathématiques, des algorithmes qui cherchent notamment à équilibrer le degré de difficulté de chaque séance pour ainsi garantir une progression. Mais même les modèles les plus populaires peuvent proposer des séances physiquement irréalisables.
«Les modèles en vogue peuvent mener à des séances où le sujet devrait exécuter la première fraction d’effort à une intensité supérieure à celle de son record, ce qui est évidemment insensé», explique Guy Thibault en faisant référence à une étude par simulations informatiques qu’il a récemment menée.
Le physiologiste cherche à mettre au point un modèle plus performant et convivial qui permettrait à tout coup de contrôler le degré de difficulté selon les besoins du sportif.
Et pour y arriver, il a fait appel à l’expertise de Jonathan Tremblay, docteur en physiologie et professeur à l’EKSAP, et Jérémy Briand, étudiant de maîtrise en physiologie de l’exercice à l’UdeM, scientifique des données à l’INS et champion canadien de triathlon.
Ensemble, ils ont conçu un modèle graphique sous la forme d’un cube rotatif où sont intégrés tous les paramètres d’une séance d’EPI. L’algorithme définitif permettra aux utilisateurs de bien contrôler le degré de difficulté des séances; aucune ne sera trop facile ou trop difficile.
Une application pour tous
Si l’application de Guy Thibault et son équipe peut sembler complexe, elle ne s’adresse pourtant pas qu’aux initiés. Elle sera à la portée de tous dès sa sortie, prévue pour le début de 2023.
«À la base, nous pensons l’application pour les athlètes d’élite et leurs entraîneurs, mais elle sera facile d’utilisation, précise le professeur. Il ne sera pas nécessaire d’avoir une formation scientifique ni de comprendre les mécanismes mathématiques derrière son fonctionnement pour en apprécier les fonctions.»
Puisque là réside la véritable motivation de Guy Thibault: un profond désir d’aider les gens sans préjugés sur leur niveau et de vulgariser sa passion pour les sciences des activités physiques et sportives.
«Au final, ce qui me rend le plus heureux dans la vie, c’est quand quelqu’un me dit que, grâce à mes conseils ou mes méthodes, il s’est amélioré, conclut-il. Ça me met presque la larme à l’œil.»