Le bien-être des hockeyeurs professionnels est le principal facteur qui influence leur sommeil, tout comme leur récupération et leurs performances, selon la doctorante Amélie Apinis-Deshaies.
Une saison typique pour les joueurs de la Ligue américaine de hockey (LAH) est constituée de 4 semaines préparatoires suivies de 28 semaines où seront joués 76 matchs et tenues 98 séances d’entraînement.
Cela représente, sur une base hebdomadaire, une moyenne de 3,5 séances d’entraînement et de 2,7 matchs, soit l’équivalent de six jours par semaine d’activités intenses. D’où l’importance pour les joueurs d’avoir un sommeil récupérateur.
Or, près de la moitié (47 %) des joueurs éprouvent des problèmes de sommeil – tant en quantité qu’en qualité – durant la saison de hockey, selon une étude menée en 2017 auprès de 107 d’entre eux.
Quelle part de ces problèmes est attribuable à la charge d’entraînement ainsi qu’aux matchs par rapport à d’autres éléments de la vie en dehors du hockey?
C’est ce qu’a voulu départager Amélie Apinis-Deshaies dans sa thèse de doctorat effectuée à l’École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique de l’Université de Montréal sous la direction du professeur Jonathan Tremblay.
Des données recueillies au quotidien
Pour ce faire, la doctorante a sélectionné et analysé des données fournies par 50 joueurs de la LAH âgés de 20 à 27 ans dans le cadre d’un projet de maîtrise réalisé par Pierre Allard, qui a notamment été directeur de la science du sport et préparateur physique en chef du Canadien de Montréal.
Diplômé de l’UdeM et aujourd’hui entraîneur adjoint du club de hockey Red Bull de Munich, Pierre Allard était, au moment de sa maîtrise, en 2017-2018, responsable de la préparation physique des joueurs d’une équipe professionnelle de la LAH.
Amélie Apinis-Deshaies a centré sa recherche sur deux facteurs susceptibles d’influencer la qualité du sommeil, soit la charge d’entraînement externe et le bien-être des joueurs ainsi que l’incidence des matchs et des entraînements sur glace.
Ces données avaient été colligées au moyen de questionnaires auxquels les joueurs ont répondu quotidiennement tout au long de la saison 2017-2018 par l’entremise d’une application sur leur téléphone. Ils devaient quantifier et qualifier leur sommeil chaque matin de même que leur sentiment de repos et leur bien-être général, en plus de répondre à des questions sur leur alimentation, leur niveau de stress et les douleurs qu’ils ressentaient.
Aussi, les joueurs portaient sur leur équipement des capteurs inertiels capables de départager les efforts fournis tant lors des 63 entraînements et des 35 séances matinales de patinage qu’au cours des 60 matchs disputés de soir et des 16 autres livrés de jour.
«Ce filtrage est important, sachant qu’au cours d’un match le temps de glace moyen d’un joueur type se compartimente en trois types d’activité, soit 45 % du temps consacré aux accélérations et décélérations, 16 % au patinage pour conserver sa vitesse et 39 % à se laisser glisser sur la glace», précise Amélie Apinis-Deshaies.
L’importance du bien-être sur le sommeil
Les 8 joueurs de centre, 21 défenseurs et 21 ailiers qui ont pris part au projet dormaient huit heures par nuit en moyenne.
Or, à l’issue des matchs, la qualité et la durée du sommeil étaient perturbées lorsque les parties étaient disputées «à l’étranger», comparativement aux affrontements qui avaient lieu à domicile. Cette altération a aussi été observée après les matchs joués de soir, par comparaison avec ceux de jour.
Et bien que l’intensité des matchs ait aussi une influence sur la qualité du sommeil, que l’équipe gagne ou perde ne nuisait aucunement au sommeil!
«L’élément qui agit le plus positivement sur la qualité et la durée du sommeil est le bien-être ressenti par le joueur, peu importe la charge d’entraînement ou les efforts déployés pendant une partie», souligne celle qui a été gymnaste pendant 10 ans, puis entraîneuse pendant plus de 15 ans.
Selon elle, cet élément s’avère central dans la préparation des joueurs.
«Le bien-être d’un joueur dépend, entre autres, de la fréquence des voyages dans d’autres villes souvent lointaines, de la pression liée à la performance, des blessures et d’un calendrier chargé, conclut Amélie Apinis-Deshaies. Tant les entraîneurs que le personnel de l’équipe doivent veiller à réduire les effets négatifs, incluant les stresseurs non associés au hockey, pour améliorer le bien-être des joueurs afin que leurs nuits soient à la fois récupératrices et réparatrices.»
Source : UdeM Nouvelles