Pierre-Mary Toussaint, l’homme qui repousse les limites des plus grands athlètes

16 juillet 2024

Pierre-Mary Toussaint a travaillé avec les meilleurs athlètes, dont Georges St-Pierre (arts martiaux mixtes), les joueurs de l’Impact de Montréal (aujourd’hui le CF Montréal) et plusieurs professionnels du football. Et depuis sept ans, le professeur adjoint de clinique à l’École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique de l’Université de Montréal est chargé de la préparation physique de l’équipe nationale de boxe. Les efforts ont porté leurs fruits: deux des athlètes qu’il entraîne, Tammara Thibeault, 27 ans, et Wyatt Sanford, 25 ans, se sont qualifiés pour les Jeux olympiques de Paris, après avoir remporté une médaille d’or aux Jeux panaméricains de Santiago en 2023 et participé aux Jeux de Tokyo en 2020. «Ils sont à pleine maturité et au sommet de leur forme», dit-il avec fierté. Féru d’histoire des Olympiques et de science de l’entraînement, le kinésiologue réalisera lui-même son rêve d’adolescence: prendre part, en personne, à la grande fête des JO. Nous lui avons parlé quelques jours avant son départ.

Vous allez diriger les entraînements des deux boxeurs au camp préolympique, qui regroupe d’autres équipes de boxe dans un complexe sportif de haute performance, à Sarrebruck, en Allemagne, loin des distractions de Paris. Que ferez-vous exactement?

Mon rôle de préparateur physique consiste à améliorer la qualité physique des sportifs. Dans le jargon de la science de l’entraînement, ce camp est dit «d’affûtage», c’est-à-dire un camp de préparation finale, très intense mais aussi très court. Pendant deux semaines [du 9 au 26 juillet], je vais donc travailler avec Tammara et Wyatt en vue d’accroître leur puissance, leur vitesse, leur temps de réaction et leur agilité – l’entraîneur de boxe s’occupe plutôt de la technique, de la stratégie et de la tactique. Nous allons faire des combats d’entraînement avec les éventuels adversaires. Une fois que les Jeux seront commencés, mon travail sera terminé. J’assisterai à leurs performances dans les gradins.

Serez-vous nerveux?

Bien sûr! Chaque fois que mes athlètes disputent une compétition, je vis des émotions très fortes. Mais je sais que je ne pourrai rien faire de plus. La pression sera énorme sur Tammara, grande favorite. Tout le monde s’attend à ce qu’elle remporte une médaille. Wyatt, lui, est un underdog qui va surprendre tout le monde en montrant ce dont il est capable.

En quoi diffère l’entraînement d’une ou un athlète de haut niveau avec celui du commun des mortels?

La grande différence réside dans la recherche constante en vue de maximiser ses qualités physiques et de repousser ses limites. Si l’on a la chance d’augmenter sa force ou sa rapidité un tant soit peu, on va le faire. C’est ce qui permet de gagner. Usain Bolt a beau être le plus rapide au monde, il tente toujours d’aller plus vite pour battre son record. C’est l’essence même du sport d’élite que de performer et de se surpasser.

Y a-t-il un danger à pousser toujours plus loin la machine?

Le sport de haut niveau comporte certainement des risques. Par exemple, un surentraînement peut provoquer un état pathologique. Toutes les fonctions vont se mettre à ralentir. Il faut bien doser l’entraînement avec la récupération, sans quoi une fatigue mentale et physique peut s’installer et les performances vont alors diminuer considérablement.

Qu’est-ce qui vous attend à votre retour?

Je serai de retour le 7 août pour procéder aux tests physiques des joueurs de football des Carabins – je suis préparateur physique pour cette équipe depuis sa création, en 2002. Le camp d’entraînement commence le 10 août et le premier match aura lieu le 23 août. Donc, si Tammara et Wyatt se rendent en finale, je vais les regarder à distance!

Source : UdeMNouvelles du 11 juillet 2024