Violence au hockey: les choses «n’ont pas beaucoup changé», selon Dave Ellemberg

6 mai 2025

Source : Journal de Montréal, 1 mai 2025, par Marie-Anne Audet

L’enchaînement de coups violents observés pendant la série qui a opposé le Canadien de Montréal aux Capitals de Washington démontre que les choses «n’ont pas beaucoup changé» au chapitre des commotions cérébrales, a déploré un neuropsychologue.

Le Dr Dave Ellemberg, qui est spécialisé dans l’étude des commotions cérébrales à l’Université de Montréal, a confié que plusieurs moments de la série lui ont rappelé le plaquage dangereux du défenseur des Bruins de Boston Zdeno Chara à l’endroit de Max Pacioretty en 2011, qui avait laissé l’attaquant du Canadien inerte au sol.

«On a été saisis, ça a fait beaucoup parler. On pensait que c’était pour faire avancer les choses, faire changer les choses, mais quand arrive le temps des séries, bien malheureusement, on dirait que ça ne compte plus», a-t-il déclaré au micro de Benoît Dutrizac à QUB radio et télé.

Plus le même sport sans les coups?

Le Dr Ellemberg s’est montré très critique à l’endroit de l’affirmation selon laquelle le hockey ne serait plus le même sport sans la violence.

«On sait que les gens trippent sur le soccer, on ne voit pas ça au soccer. Les gens trippent sur le football, on ne voit pas ça de cette façon-là au football non plus», a-t-il dit.

Ce dernier a plaidé pour un resserrement des règles afin de mieux protéger les athlètes, surtout lorsqu’ils sont mineurs.

«Je pense qu’on doit absolument prendre des décisions politiques pour les jeunes. Des parents me rapportent qu’il y a encore des coups bas, des coups sournois et des commotions cérébrales qui ne sont pas causées par un accident», a-t-il dit.

«On s’entend que ça arrive, des accidents, au sport, c’est correct, on l’assume, on l’accepte, mais quand c’est induit par un jeu qui n’est pas collégial, c’est là que je pense qu’on doit agir comme société, surtout quand ça se passe chez les jeunes mineurs», a poursuivi le Dr Ellenberg.

Blessure insidieuse

Le neuropsychologue a rappelé que plusieurs commotions ne sont pas nécessairement causées par des coups à la tête.

«La blessure, elle se passe à l’intérieur de la boîte crânienne. […] Donc, ce qu’il faut, dans le fond, c’est que la tête fasse comme un mouvement de balancier, comme un mouvement de pendule. Puis ça, bien, un coup à la poitrine, un coup au corps qui projette la tête, qui projette le corps vers l’avant ou vers l’arrière, peut causer une commotion cérébrale», a-t-il mentionné.

Les symptômes d’une commotion cérébrale peuvent même se manifester plusieurs semaines après le coup, selon l’expert.

«Tout à coup, après les séries, quelques semaines, un mois plus tard, [les athlètes vont réaliser]: “Heille, je ne file pas, je suis étourdi, j’ai des maux de tête, j’ai du mal avec mon sommeil.” Et c’est à ce moment-là que l’athlète va rapporter ses symptômes et que les médecins pourront donner un diagnostic», a-t-il soutenu.