Une première école sur l’adaptation à la chaleur voit le jour à Montréal

23 juillet 2025

Source : L’actualité, par Katrine Desautels, La Presse Canadienne, 21 juillet 2025

MONTRÉAL — Les vagues de chaleur sont plus fréquentes et plus intenses au Québec comme ailleurs dans le monde en raison des changements climatiques. Pour mieux comprendre ce phénomène et trouver des idées pour s’adapter à cette nouvelle réalité, la programmation de la première École internationale sur l’adaptation à la chaleur se déroule cette semaine à l’Institut de cardiologie de Montréal.

Cette initiative a permis de rassembler 20 étudiants à la maîtrise ou au doctorat provenant de 10 pays (dont le Canada) qui pourront échanger avec des experts de renom de l’Amérique du Nord, de l’Asie et de l’Australie. L’objectif est de mieux comprendre les impacts complexes des chaleurs extrêmes sur la santé — l’un des risques climatiques les plus meurtriers — et d’identifier des pistes d’adaptation.

Différentes thématiques seront abordées, notamment les effets physiologiques de la chaleur, les politiques publiques d’adaptation et les inégalités environnementales. Mais ce sont surtout les méthodes d’enseignement qui rendent cette école unique.

On mise sur un apprentissage expérientiel et des techniques d’enseignement actives et interdisciplinaires. Par exemple, les étudiants auront l’occasion de s’exposer à des conditions caniculaires dans une chambre climatique qui peut atteindre jusqu’à 70 degrés Celsius.

Le concept est un peu un hybride entre une série de conférences et une école, reconnaît Daniel Gagnon, chercheur au Centre ÉPIC de l’Institut de cardiologie de Montréal, professeur agrégé en kinésiologie à l’Université de Montréal et instigateur de ce projet.

«L’idée, c’était de rassembler des étudiants de différentes disciplines qui s’intéressent aux effets de la chaleur, puis surtout comment on pourrait s’adapter à la chaleur», indique M. Gagnon en entrevue. Il y a des étudiants qui s’intéressent à la chaleur d’un point de vue de la science atmosphérique, aux réponses physiologiques, d’autres davantage au niveau urbain, des bâtiments ou encore avec un angle sociétal pour voir si on peut mettre en place des actions communautaires pour s’adapter à la chaleur.

Gagnon espère que la vingtaine d’étudiants vont créer des liens entre eux. «C’est eux qui vont continuer de progresser et devenir les prochains leaders dans le domaine de l’adaptation à la chaleur», souligne-t-il.

Partage de connaissances entre experts et étudiants

Plusieurs chercheurs ont tendance à mener leurs activités de recherche en silo, affirme M. Gagnon. Pour la santé, par exemple, on s’intéresse aux effets de la chaleur sur le corps et comment celui-ci réagit sans considérer suffisamment l’endroit où se trouve le corps ou la communauté qui est autour. «Personnellement, depuis que je me suis initié au centre global d’adaptation sur la chaleur, ça m’a vraiment ouvert l’esprit. J’ai espoir qu’il pourrait y avoir des pistes qui pourraient émaner parce qu’on a des gens de différents pays qui vivent et qui s’adaptent à la chaleur de différentes façons», met de l’avant le professeur.

Il ajoute que les experts qui donnent les conférences ont le mandat d’aller plus loin en transmettant les connaissances d’une manière interactive, par exemple avec des ateliers interactifs et des résolutions de cas pour que les étudiants puissent interagir entre eux.

«Justement, que ce ne soit pas juste les intervenants qui donnent leurs connaissances, mais on veut vraiment recueillir aussi la perspective, les connaissances et les expertises des étudiants qui voient la chaleur différemment de nous. Je pense qu’en favorisant ces échanges, on peut arriver à un début de quelque chose d’ici la fin de la semaine, puis on espère que c’est le début de quelque chose qui va durer plus longtemps par la suite», souhaite M. Gagnon.

Le projet de l’École internationale sur l’adaptation à la chaleur a été organisé en collaboration avec le Centre mondial pour l’adaptation à la chaleur, un partenariat soutenu par la Fondation nationale pour la science aux États-Unis ainsi que le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.

M. Gagnon espère réussir à trouver les fonds nécessaires avec les partenaires pour pouvoir reconduire une deuxième édition de l’école l’an prochain ou poursuivre le projet de façon bisannuelle.