«La climatisation, c’est bon individuellement, mais pas collectivement»: les Québécois devront s’habituer à vivre dans la chaleur, prévient un chercheur

30 juillet 2025

Les gens devraient penser à s’adapter plutôt que de fuir dans l’air climatisé

Source : Journal de Québec, 24 juillet 2025, par Héloïse Archambault

Les Québécois doivent absolument s’adapter aux grandes chaleurs estivales plutôt que de toujours se réfugier dans l’air climatisé, prévient un chercheur convaincu qu’il y a moyen d’être actif quand il fait chaud sans risque pour la santé.

«Il ne faut pas se cacher et s’empêcher de vivre, on ne vivra plus, souligne Daniel Gagnon, professeur de kinésiologie à l’Université de Montréal, spécialisé dans l’adaptation à la chaleur. Il y a beaucoup de petits trucs, il y a moyen de s’adapter.»

Selon des projections, la moitié des journées d’été pourraient atteindre le cap des 30 °Celsius à Montréal, d’ici 2050.

«La climatisation, c’est bon individuellement, mais pas collectivement. Ça met une pression énorme sur le réseau électrique et ça peut causer des pannes, dit-il. Et ça peut coûter très cher. Des gens ne peuvent pas se le permettre.»

Jusqu’à 70 °Celsius

Depuis 2016, ce chercheur étudie la capacité des gens de s’adapter à la chaleur dans une «chambre climatique» au Centre ÉPIC de l’Institut de cardiologie de Montréal.

Cette pièce peut atteindre 70 °Celsius et un taux d’humidité de 60%.

Sportifs, aînés, travailleurs de la construction: toutes sortes de patients ont depuis passé un test de quatre heures dans la chambre réglée à 38 °Celsius (pour représenter les conditions du Québec). On y analyse diverses données, comme la fréquence cardiaque, les signes vitaux et la température corporelle durant le test, qui exige un effort ponctuel sur le tapis roulant.

Au bout de quatre heures, des gens ont perdu jusqu’à un litre de sueur. Certains suent jusqu’à un litre l’heure.

«Transpirer c’est une bonne chose! C’est [notre] méthode de perte de chaleur interne», note le spécialiste.

Preuve qu’on peut s’adapter aux grandes chaleurs: au bout du test, la plupart des gens avaient vu leur température corporelle augmenter de seulement 37 à 37,5 °Celsius.

«En général, les gens réagissent super bien. C’est plus dur au début, mais ils s’adaptent», souligne le chercheur de 42 ans.

Éviter les fermetures

À cause du réchauffement climatique, la fermeture d’écoles ou de chantiers pourrait se multiplier dans l’avenir.

«On ne peut pas juste essayer d’éviter tout le temps la chaleur. Il va falloir qu’on apprenne à vivre avec aussi.»

Évidemment, les gens qui ont une condition médicale doivent être plus prudents.

Un des bons trucs, selon M. Gagnon, est de baisser progressivement le niveau de climatisation à la maison. Il faut aussi demeurer actif de façon prudente.

«S’exposer régulièrement à la chaleur, c’est une bonne chose pour s’adapter», constate l’homme qui revient d’un stage en Australie, où il fait très chaud.

Comment se protéger de la chaleur

  • Boire de l’eau pour ne pas se déshydrater;
  • Allumer des ventilateurs si on n’a pas la climatisation;
  • Éponger de l’eau sur la peau;
  • Prendre un bain froid de pieds;
  • Rester à l’ombre;
  • Porter un chapeau.

Par ailleurs, il est vrai que les gens de plus de 65 ans ont plus de mal à évacuer la chaleur et peuvent donc être incommodés plus rapidement. Or, M. Gagnon ne croit pas qu’il faille pour autant arrêter d’être actif dès qu’il fait chaud.

«Les personnes âgées se plaignent moins durant les tests, ils ont peut-être moins la perception de la chaleur», note-t-il.