Source : UdeM Nouvelles, 25 juillet 2023
Les canicules sévissent un peu partout sur la planète cet été. Daniel Gagnon, physiologiste à l’UdeM, propose quelques pistes pour y faire face.
L’Organisation météorologique mondiale s’attend à ce que les températures restent supérieures à 40 °C en Amérique du Nord, en Asie, en Afrique du Nord et en Méditerranée, alors que les vagues de chaleur s’intensifieront à l’échelle mondiale jusqu’en août.
Ces chaleurs étouffantes s’accompagnent de nouvelles mises en garde quant à des problèmes de santé et au risque de décès prématuré liés à une trop grande exposition aux températures excessives, qui touchent tout le monde, des enfants en bas âge aux personnes âgées.
Nous avons demandé à Daniel Gagnon, professeur agrégé à l’École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique de l’Université de Montréal, ce que les gens peuvent faire pour atténuer ces risques.
Cet été, les médias font état de vagues de chaleur sans précédent dans le monde entier. En tant que spécialiste de la physiologie, que pouvez-vous nous dire à propos du coût humain de ces canicules, de leurs répercussions sur le corps?
Les canicules sont associées à une hausse des hospitalisations et de la mortalité. En 2003, une canicule européenne a causé la mort de 70 000 personnes. En 2021, le dôme de chaleur qui a plané sur la côte ouest de l’Amérique du Nord est à l’origine de la mort de plus de 600 personnes en Colombie-Britannique. En 2022, l’été le plus chaud jamais enregistré en Europe a provoqué la mort de plus de 60 000 personnes. Ces exemples illustrent le danger potentiel que représente la chaleur extrême pour la santé humaine.
D’un point de vue physiologique, les canicules sont dangereuses pour trois raisons. Premièrement, la température corporelle interne augmente, ce qui peut entraîner un épuisement lié à la chaleur – susceptible de se manifester par des étourdissements, des nausées – ou, dans le pire des cas, un coup de chaleur qui est mortel s’il n’est pas reconnu et traité immédiatement. Deuxièmement, la transpiration est le moyen principal utilisé par le corps pour se rafraîchir. Cependant, la transpiration cause une perte d’eau corporelle et peut donc engendrer une déshydratation si notre consommation de liquides est insuffisante. La déshydratation accroît le travail des reins, ce qui peut amener un déséquilibre des électrolytes et une insuffisance rénale. Troisièmement, le cœur travaille plus fort pour envoyer du sang vers la surface de la peau afin de favoriser la perte de chaleur vers l’environnement. Toutefois, le travail cardiaque peut surpasser sa capacité à s’alimenter en oxygène et en nutriments. Dans ce cas, des malaises cardiaques peuvent se produire, comme une crise cardiaque.
Les vagues de chaleur durant la nuit peuvent aussi être très difficiles à supporter, car les températures ne baissent pratiquement pas, notamment dans les villes. Le corps au repos réagit-il différemment à la chaleur excessive que lorsqu’il est actif?
Le corps réagit de la même façon à la chaleur durant la nuit ou le jour. Néanmoins, une différence importante est l’absence d’activité physique pour la majorité des gens au cours de la nuit – outre les travailleurs de nuit –, ce qui minimise la production de chaleur du corps. De nuit comme de jour, la meilleure façon de faire face à la chaleur est de ne pas s’y exposer. Pour ce faire, la méthode la plus efficace est évidemment l’air climatisé. S’il n’y a pas d’air climatisé, on peut utiliser un ventilateur électrique pendant la nuit pour se rafraîchir, dans la mesure où la température de la pièce dans laquelle on dort est au-dessous de 38 °C et qu’on ressent la circulation d’air créée par le ventilateur. Il est également important de se coucher bien hydraté.
Enfin, qu’en est-il du maintien de la forme physique? Faut-il continuer à faire de l’exercice alors que le mercure grimpe?
Idéalement oui, car adopter et maintenir un mode de vie actif confère probablement une protection contre les effets de la chaleur sur la santé. Les gens qui sont actifs sont généralement en meilleure santé et donc moins prédisposés aux risques que pose la chaleur. De plus, ces personnes sont généralement plus tolérantes à la chaleur et leur corps peut perdre plus de chaleur. Cependant, la prudence est de mise lorsqu’on veut être physiquement actif par temps chaud. S’il n’est pas possible de déplacer l’activité physique à l’intérieur dans un environnement climatisé, il serait sage de s’entraîner aux moments plus frais de la journée comme tôt le matin ou plus tard en soirée. Il faudrait également éviter de s’exercer sous une exposition directe au soleil pour éviter un gain de chaleur par rayonnement. Pour une même intensité d’exercice, il y aura une plus grande transpiration par temps chaud, alors il est important de veiller à être bien hydraté avant, pendant et après l’activité physique. Un dernier conseil serait de diminuer l’intensité de l’activité physique par temps chaud pour minimiser la quantité de chaleur produite par le corps tout en retirant les bienfaits de l’exercice sur la santé.