Prof. Benjamin Pageaux écrit une lettre d’opinion intitulée «Aînés, bougez!» avec deux autres chercheurs montréalais

22 juillet 2020

Lettre d’opinion publié le 2 juin 2020 dans le Journal Métro de Montréal (p. 6)

Aînés, bougez!

Mylène Aubertin-Leheudre (UQAM), Benjamin Pageaux (ÉKSAP de l’Université de Montréal) et Jean-Philippe Gouin (Université Concordia)

Bien que le confinement facilite la distanciation physique, il réduit les occasions de bouger tout au long de la journée. Pour plusieurs d’entre nous, le confinement a augmenté le temps passé devant les écrans, diminué les activités hors de la maison telles que la marche et réduit la pratique d’activité physique exigeante pour le coeur et les muscles. Le confinement favorise donc à la fois la sédentarité et l’inactivité physique, deux concepts indépendants qui augmentent le risque de mortalité prématurée.

La sédentarité réfère à la présence de périodes prolongées en position assise ou allongée au cours de la journée, par exemple regarder la télévision durant plusieurs heures consécutives. Tandis qu’être inactif réfère à l’absence de pratique régulière d’activités physiques d’intensité modérée ou vigoureuse, soit des activités durant lesquelles le souffle se raccourcit et parler à un débit normal devient plus difficile.

Cette diminution des occasions de bouger durant le confinement peut avoir des conséquences néfastes sur la santé, particulièrement chez nos aînés. En plus d’accélérer le déclin cognitif et physique, la sédentarité et l’inactivité physique augmentent le risque de maladies chroniques. […]

En cette journée nationale de l’activité physique, il est important de rappeler qu’il est recommandé de faire 150 minutes par semaine d’activité physique à intensité modérée ou vigoureuse. Avant la pandémie, plus de 30% des Québécois n’avaient pas un niveau d’activité physique conforme à ces recommandations. Commencer ou continuer à bouger durant les périodes de confinement devient un défi encore plus important.

Mais pas de panique! Pour être actif, bouger par bloc de courtes

(2 à 10 minutes) ou longues (1h et plus) périodes est aussi efficace. Il faut donc intégrer plus de mouvements tout au long de la journée.

Alors allons-y, qu’attendons-nous? Aidons nos aînés à bouger! Comme société, nous devons proposer et trouver des solutions innovantes et motivantes pour les garder en santé.

Un bon exemple qui a été révélé avec la COVID-19 est l’offre de cours en ligne créés par des kinésiologues, les professionnels de l’activité physique, sous forme de vidéos accessibles en tout temps sur le web ou via des séances d’activité physique virtuelles en direct. L’activité physique en ligne semble donc être une méthode novatrice pour permettre à chacun de bouger depuis chez soi, en respectant la distanciation sociale, tout en rompant l’isolement. En ce sens, cette méthode d’intervention est efficace pour promouvoir à la fois le bienêtre social, intellectuel et physique de nos aînés. Ces innovations technologiques représentent donc une occasion en or pour rejoindre et soutenir nos aînés en cette période de pandémie. Il reste toutefois des défis à surmonter!

L’activité physique en ligne comme mode de prescription présente des défis importants à résoudre pour en assurer une accessibilité pour tous, et particulièrement nos aînés. Il sera important d’adapter ces interventions aux capacités physiques de chacun afin que les plus vulnérables puissent en bénéficier. Des recherches sont encore nécessaires pour établir la fréquence, la durée et les types de programme les plus efficaces pour que nos aînés soient moins inactifs et sédentaires. De plus, 50% des aînés Québécois n’ont pas accès à la technologie […] ou à l’internet, limitant le déploiement de ces interventions. Ces innovations devront aussi être pérennes afin de répondre aux situations d’isolement hors de la COVID-19 liées aux périodes hivernales (verglas) et estivales (grande chaleur) ou au manque d’accès à ces services.

Bien qu’à court terme, les bénéfices de l’activité physique soient plutôt individuels (santé mentale et physique), le maintien de l’autonomie en bonne santé de nos aînés aura un impact collectif sur notre économie grâce à la baisse de l’utilisation des services de soins et des coûts y étant associés.

Il faut donc offrir des interventions en activité physique en tant que service essentiel et intégré au continuum de soins afin de promouvoir la santé de nos aînés et alléger notre système de santé.

L’activité physique sera un élément clé pour contrer les effets négatifs d’une deuxième vague de la COVID-19, alors mobilisons-nous collectivement pour la rendre accessible et adaptée à tous. Bonne nouvelle, nous y travaillons et sommes prêts à collaborer.