Publication d’origine : UdeMNouvelles – 23 mars 2020 – Martin LaSalle
Suzanne Laberge et Marie-Ève Mathieu, de l’ÉKSAP, y vont de quelques suggestions pour continuer de bouger malgré le confinement auquel nous contraint la pandémie de coronavirus.
Étant essentiellement confinés à la maison, nous avons besoin de rester actifs pour garder la forme tant physique que mentale.
Professeures à l’École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique (EKSAP) de l’Université de Montréal, Suzanne Laberge et Marie-Ève Mathieu nous expliquent les avantages liés au fait de bouger en ces temps de réclusion et de distanciation sociale, et partagent avec nous quelques idées simples pour garder la forme.
Pourquoi est-il important de rester actif en cette période de confinement?
Suzanne Laberge: C’est fondamental pour au moins deux raisons. D’abord, être enfermé engendre des problèmes de santé mentale et accentue les symptômes de dépression chez ceux et celles qui en souffrent. En tant que membre d’une espèce sociale, l’humain a besoin de contact avec ses semblables, donc il faut sortir de chez soi et bouger… tout en gardant une distance avec les autres pour éviter d’être contaminé.
Ensuite, quand on reste à la maison, on a tendance à manger davantage! Et comme les gyms sont fermés, il faut sortir! Heureusement, les grands froids sont terminés et le printemps vient d’arriver! On n’a pas besoin de courir le marathon, cela dit: le simple fait de marcher et de prendre l’air procure des bienfaits!
Marie-Ève Mathieu: Pour maintenir sa santé mentale et physique, on doit chercher à garder les habitudes qu’on avait avant la pandémie. Il est nécessaire de prendre quelques minutes pour évaluer ce qu’on faisait jusqu’à présent.
Par exemple, si vous marchiez 15 minutes matin et soir pour aller au métro et en revenir, il faut trouver un moyen de replacer ces 30 minutes d’activité dans votre nouvel aménagement du temps. Même chose si vous vous entraîniez à l’heure du lunch. De plus, pour les moins actifs, il peut être important d’augmenter sa pratique d’activité physique pour améliorer sa santé physique et sa santé mentale, mises à l’épreuve en temps de confinement.
Quelles activités simples et faciles suggérez-vous?
SL: Une activité simple serait de ne pas rester assis plus d’une heure! Que vous fassiez du télétravail ou que vous écoutiez des séries en rafale à la télé, il importe de se lever de 5 à 10 minutes à chaque heure!
Si vous habitez dans un immeuble résidentiel, profitez-en pour monter et descendre les escaliers à quelques reprises. Et si vous avez suffisamment d’espace, faites de la corde à danser!
L’important est d’adapter les activités en fonction de votre situation. Si vous avez des enfants, vous pouvez jouer à la cachette avec eux ou mettre de la musique et danser!
MEM: Les plateformes du type Pinterest sont une mine d’or pour trouver des jeux et activités pour les familles avec enfants. Tentez surtout de miser sur des activités qui mobilisent toute la famille et donc, si la motivation n’est pas au rendez-vous, la pression sociale positive vous incitera à bouger!
De même, les plateformes d’entraînement en ligne ‒ yoga et autres ‒ sont aussi intéressantes. Pour ceux et celles qui souhaitent avoir un entraînement plus personnalisé, plusieurs kinésiologues offrent de l’entraînement en ligne.
Et lorsque c’est possible, favorisez les activités extérieures sur votre terrain ou dans les parcs tout en respectant les consignes de prévention relatives au coronavirus, par exemple en évitant d’utiliser les modules publics de jeu.
Pour les gens qui font du télétravail, montez une station de travail debout ou sur vélo, avec pédalier, pour réduire les périodes sédentaires. Associez certaines tâches ‒ lire les nouvelles ou vos courriels ‒ à votre séance de travail actif.
Il importe de fragmenter ou couper les moments de sédentarité avec une séance de travail actif ou une petite montée d’escaliers.
Comment rendre l’activité physique «invitante» pour qu’elle devienne une habitude?
SL et MEM: Avec le printemps, c’est le temps de sortir le vélo, qui remplace, entre autres, les transports publics. Et si vous avez un vélo stationnaire que vous songiez à mettre en vente, dépoussiérez-le et utilisez-le!
Avec les gadgets technologiques, c’est facile de mettre l’exercice à l’horaire, de programmer des alarmes qui indiqueront que cela fait une heure que vous êtes assis et qu’il faut bouger.
Vous pouvez aussi vous fixer un défi du mois à réaliser, comme faire 20 km de vélo, et planifiez votre mois autour de cette activité.
Il ne faut pas hésiter à réinventer les activités!
Quelles activités faut-il éviter pour minimiser le risque d’être infecté ou blessé?
SL: Il ne faut pas se lancer dans un marathon ou une activité trop intense: il faut y aller progressivement, surtout si l’on bougeait peu avant la pandémie.
Si vous vous entraînez en groupe, il faut faire preuve de jugement et se regrouper avec des personnes qui ne sont pas allées en voyage, garder une distance entre vous et éviter de vous parler de trop près!
MEM: Les activités de groupe comme le soccer – où la proximité des joueurs est fréquente ‒ sont à proscrire. Par contre, les activités où les joueurs sont distancés en tout temps ‒ comme au tennis ‒ sont plus indiquées.
Pour ce qui est de la marche rapide, de la course, du patin à roues alignées ou du vélo, il faut suivre le principe de progression tant pour les actions contrant la sédentarité, comme les bureaux actifs, que pour l’activité physique. Débutez par de courtes périodes, sans compétition. Il faut voir à ne pas surcharger le système de santé en se blessant!
Pour les enfants, malheureusement, les modules de jeu ne sont pas recommandés. Apportez leurs jeux au parc!